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Éditorial

La recherche est par essence internationale : les connaissances sont partagées, les équipes scientifiques s’associent pour confronter leurs idées et leurs techniques. Depuis l’Antiquité, les grands pays, moteurs de l’innovation, de la connaissance et du transfert du savoir mènent des actions de coopération avec de nombreux pays dans le monde. Mais la recherche est aussi très compétitive, l’allié d’un jour peut devenir le concurrent du lendemain.

La coopération scientifique se reflète depuis toujours à travers les publications conjointes avec des chercheurs de différents pays. Ainsi 76 % des publications du CNRS sont cosignées avec des auteurs étrangers. Pour accroître encore l’activité internationale du CNRS, un cadre juridique, adapté au contexte politique, avec des structures facilitant la recherche en collaboration tout en protégeant le patrimoine national est nécessaire.

Pour cela, le CNRS a créé cette année une nouvelle structure opérationnelle de recherche (SOR) : l’unité mixte internationale (UMI). Située en France ou à l’étranger, l’UMI fonctionne sur le modèle des unités mixtes (UMR) avec d’autres établissements publics ou entreprises, mais avec des partenaires étrangers.

Le ministère des affaires étrangères, en association avec le CNRS a entrepris une réforme des instituts français à l’étranger. D’ores et déjà, au Moyen-Orient, six de ces instituts sont devenus 3 unités mixtes de recherche et 3 unités de service du CNRS. Les autres instituts devraient, après évaluation, évoluer selon le même schéma.

En Europe, le CNRS s’investit de façon prioritaire dans la construction de l’espace européen de la recherche. En réalité il s’est impliqué depuis longtemps dans la coopération scientifique européenne, que ce soit par son engagement dans les très grands équipements européens (CERN, ESO…), dans la Fondation européenne de la science, dans la mise en place d’outils favorisant la mobilité des chercheurs : programmes internationaux de coopération scientifique (PICS), laboratoires européens associés (LEA), groupements de recherche européens (GDRE), laboratoires mixtes internationaux (LMI). Les nouveaux instruments d’intégration et de structuration de l’espace européen de la recherche, notamment les réseaux d’excellence et les projets intégrés proposés par le commissaire Philippe Busquin vont compléter ces outils.

Cependant ces différentes structures de coopération, avant tout au service des chercheurs, doivent être assouplies afin de favoriser en particulier les missions de longue durée à l’étranger. C’est ainsi que, dès le début de l’année 2003, les procédures de mise à disposition des agents du CNRS vont être modifiées.

La recherche de haut niveau est liée au développement économique. Cette relation était jusqu’alors absente des accords de coopération scientifique avec des organismes de recherche étrangers. Depuis un an la direction des relations internationales renouvelle ces accords pour y introduire la propriété intellectuelle.

Complexe, turburlent et très souvent imprévisible, le monde de la recherche est à l’image de ce qu’il étudie : polymorphe, peu discipliné et lancé dans une compétition internationale implacable. Les structures de service et de gestion, souvent considérées comme trop contraignantes, sont là pour faciliter, accompagner et aider les chercheurs dans leurs missions et actions de coopération internationale tout en protégeant notre patrimoine de connaissances.

Jean-Luc CLÉMENT

Directeur des relations internationales